J’ai couru très longtemps
parce que je croyais que la lumière devait être accompagnée des gens.

je courais pour plaire,
pour montrer une image idéale de moi.

je courais dans toutes les directions :
plus de lumière,
plus de cours,
plus de formation,
plus de regards,
plus de personnes qui viennent,
plus de succès,
plus… plus… plus encore.

cet accompagnement était devenu le but de ma vie.
ce n’était plus un chemin,
c’était une mission absolue.

et j’en rencontrais tant d’autres
partis vers la même mission.
une tension intérieure, une illusion :
accompagner comme s’il n’y avait rien de plus haut.

trouver plus de mots,
paraître plus spirituel,
paraître plus intelligent.

et puis un jour, le décor s’est effondré.
j’ai vu que tout cela n’était qu’un jeu.
un jeu qui se prend au sérieux,
mais qui reste un jeu.

alors un élan de liberté m’a pris.
un élan qui a dit : stop.
stop au game pour l’argent.
stop au rôle à tenir.
stop aux distinctions.

vivre, laisser vivre.
vivre simplement vivre.

je ne sais pas de quoi demain sera fait.
je ne sais pas ce qu’est la vie véritablement.
comment le saurais-je,
puisque je suis en train de la vivre maintenant ?