Ruptures
Parfois, le feu traverse la matière
Il surgit quand je vois l’Homme s’accrocher à ce qui le détruit.
Quand la souffrance invente mille stratagèmes pour continuer à se répandre.
Alors, le feu parle.
Il brûle les mensonges, perce les masques,
et de la cendre naît la parole vraie.
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Dieu n’a pas peur de l’odeur de l’homme.
Il y respire la vie.
C’est l’homme qui fuit sa propre odeur humaine,
croyant y sentir sa chute,
alors qu’elle porte sa naissance.
Le spirituel moderne a peur de la vie.
Il prie pour être préservé de ce qui pourrait, justement, le réveiller.
Mais la lumière ne protège pas —
elle révèle, consume, recrée.
Voici le rappel vivant
pour ceux qui croient encore que la paix se trouve dans l’évitement.
Expérimenter le rien.
Expérimenter la sortie du décor.
Expérimenter ce que certains appellent le vide.
Quand il n’y a plus rien à tenir,
que reste-t-il ?
Nous vivons dans un monde coupable d’un crime invisible :
celui d’avoir cessé de sentir.
Tout est devenu tolérable — l’injustice, la laideur, la souffrance —
tant qu’on peut encore dormir.
Mais un être qui ne sent plus
n’est plus vivant.
Il respire, consomme, parle,
mais son âme s’est tue.
Et quand la rupture devient chair,
le feu n’est plus une métaphore.
Il devient vie, perte, beauté, révélation.
Un feu qui consume et qui enfante.
Le feu du volcan — Ode à la Vie.
On croit connaître la peur
jusqu’à ce que la terre se mette à trembler.
Tout vacille — le sol, le corps, les repères.
Dans le bruit et la poussière,
une seule chose reste : la vie nue.
Celle qui arrache,
qui brûle,
qui révèle.
Sous la lave,
il ne s’agissait plus de survivre,
mais de naître autrement.