Le crime de ne plus sentir
La mode actuelle est au bien-être.
Un bien-être qui te dit :
“Tout doit bien aller mon petit chou, pour que tu puisses dormir.”
Mais si tu dis que tu es révolté,
que tu n’arrives pas à dormir,
que tu es scandalisé par le monde,
que tu souffres de voir autant de misère,
on te répond : “Tu as un problème.”
Le monde moderne te donnera des antidépresseurs.
Le monde du bien-être te donnera des mantras.
Les deux veulent la même chose :
que tu cesses de sentir.
Ils te disent :
“Calme-toi. Médite. Respire. Éteins-toi doucement.”
Mais ce qu’ils appellent paix n’est souvent qu’une anesthésie.
Un moyen de ne plus entendre la révolte de ton âme.
Tu crois qu’être spirituel, c’est ne plus rien ressentir ?
Non.
C’est sentir plus fort.
C’est laisser la douleur du monde passer à travers toi sans t’éteindre.
Tu n’as pas un problème parce que tu es touché.
Tu n’as pas un problème parce que tu pleures en voyant la violence,
parce que tu ne supportes pas l’injustice,
parce que tu sens la folie collective.
Tu as un cœur vivant.
Et c’est précisément pour cela que tu es là :
pour sentir, et agir à partir de ce sentir.
Alors dis-moi :
Qui a vraiment un problème ?
Celui qui ne dort pas parce qu’il sent trop,
ou celui qui dort en paix pendant que le monde brûle ?
Celui qui tremble de compassion,
ou celui qui n’a plus la capacité d’en éprouver ?
Le vrai malade n’est pas l’hypersensible.
C’est celui qui s’est coupé de son âme et qui appelle ça la normalité.
Il est temps de mettre fin à ces illusions.
Le bien-être n’est pas un coussin.
L’hypersensibilité n’est pas une pathologie.
Le vrai bien-être, c’est de ne plus fuir ce que tu ressens.
Et la vraie sensibilité, c’est de provoquer le changement dans le chaos