La bénédiction du vide 

Quand rien ne se passe, tout se prépare

Notre respiration repose sur trois mouvements :
nous inspirons,
nous expirons,
et puis vient un troisième mouvement, plus subtil : le vide.

Cet espace entre deux souffles, si discret qu’on l’oublie.
Sans lui, nous partirions en hyperventilation.
Les saccades de notre respiration seraient trop rapprochées, la vie deviendrait insoutenable.

Le vide existe.
C’est lui qui rend le souffle possible.
Il nous garde en vie — pourtant, nous ne le voyons pas.
Et nous ne le bénissons pas.

Nous avons peur du vide.
Peur de ces instants où plus rien ne se passe.
Où tout ralentit, où la vie se calme,
où nous nous retrouvons face à nous-mêmes.

Nous cherchons à combler, à comprendre, à remplir.
Mais le vide, lui, est essentiel.
Il nous habite comme la nuit habite le jour.
Sans lui, rien ne se déploierait.

Le vide n’est pas le néant.
Il est la préparation du prochain mouvement.
Invisible, il est pourtant le lieu d’où tout renaît.

Regarde la nature :
en hiver, tout semble mort.
La vie paraît s’être retirée.
Pourtant, sous la terre, les racines œuvrent en silence.
Elles se tissent, s’étendent, se renforcent,
prêtes à soutenir la nouvelle floraison.

Le vide en nous est de cette nature-là.
C’est le lieu où nos racines se forment.
Celles qui nourrissent nos rêves, nos choix, nos créations.

Tenir le vide, c’est tenir la vie qui s’annonce.
Accepter ces instants où rien ne bouge,
même lorsqu’ils durent,
c’est s’accorder à une autre vibration du vivant.

Accepter le vide,
c’est reconnaître la sagesse de la vie qui se prépare en secret.
C’est s’offrir à sa danse,
et la laisser créer à travers nous.

Le vide n’est pas une absence.
Il est la promesse du souffle à venir.