Créer, c’est se laisser créer
La création n’obéit pas, elle révèle
Pendant longtemps, j’ai cru que je devais forcer mes créations à suivre une ligne droite :
un début, un milieu, une fin.
Je voulais qu’elles correspondent exactement à ce que j’avais imaginé d’elles.
Le moindre écart entre l’idée et le résultat me paraissait être un échec.
Alors, dès que quelque chose déviait, j’abandonnais.
Je pensais avoir perdu le “bon chemin”.
Il m’a fallu de nombreuses créations avortées pour comprendre une évidence :
"Créer, c’est comme élever un enfant."
"Créer, c’est danser avec la vie."
Une création naît en nous, d’abord comme une étincelle dans le cœur,
puis elle traverse toutes les couches de notre être.
Elle commence parfois dans la tête — une intention, une forme —
et puis, soudain, elle prend vie d’elle-même.
Elle n’est plus imposée : elle se met à danser avec la vie.
Elle n’est plus figée : elle devient mouvement.
Et ce mouvement, étrangement, nous transforme autant que nous le nourrissons.
La création influence le créateur,
tout autant que le créateur influence la création.
De cette réciprocité naît une alchimie vivante.
Le but d’une création n’est pas de réussir,
mais de vivre —
et de nous transformer au passage.
La création nous bouscule, nous dérange, nous console,
et parfois nous guérit, sans que nous le décidions.
Notre rôle n’est pas de la diriger,
mais de la soutenir,
comme on tient dans ses bras un enfant qui grandit.
On a souvent voulu définir l’art :
ce qu’il est, ce qu’il doit être,
ce que la beauté “signifie”.
Mais l’art ne se définit pas.
Il agit.
Il transforme.
L’art est un mouvement de guérison silencieuse -
il ouvre, il élève, il rappelle à la vie.
Comme une fleur qui s’ouvre au matin,
la création s’épanouit d’elle-même
et nous rend à la vie.